Musée de l’Histoire Vivante
Musée d’Histoire sociale et ouvrière

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Du 24 mars au 30 décembre 2018

1848 et l’espoir d’une République universelle, démocratique et sociale

À l’heure où l’on fête les 50 ans de 1968, le musée a choisi d’évoquer un autre printemps des peuples, car en 1848, c’est toute l’Europe qui bruisse au nom de l’émancipation. Les « quaranthuitards » forment une génération qui va vivre une période charnière, la Monarchie de Juillet étant contestée par une opposition républicaine structurée. D’autre part, le libéralisme économique et l’industrialisation brutale qui s’ensuit créent un nouveau prolétariat urbain, précaire et non organisé.

Sur les plans économiques et politiques, la société change, et des forces se structurent. Face aux royalistes se dresse une opposition Républicaine qui unit par nécessité le tout jeune courant socialiste et les républicains. Droit au travail et suffrage universel sont leurs revendications emblématiques respectives.

Dans ce contexte d’agitation politique, le pouvoir interdit un banquet républicain le 22 février 1848 : aussitôt, républicains, étudiants, artisans, ouvriers, hommes et femmes, se rassemblent dans les rues. Le lendemain, les rassemblements prennent de l’ampleur, la foule réclame la réforme et défile au cri de « À bas Guizot ! », alors Président du Conseil. En fin de journée, la troupe tire sur un cortège de manifestants. L’effroi et la colère des parisiens sont immenses, les barricades se multiplient, une partie de la Garde nationale rejoint les insurgés : l’émeute se fait révolution. Le 24 février, la foule envahit les Tuileries, Louis-Philippe abdique et fuit. La Seconde République est proclamée sur le parvis de l’Hôtel de ville par un gouvernement provisoire formé dans le tumulte. Les mesures attendues sont radicales : suffrage universel masculin, ateliers nationaux pour occuper les chômeurs, abolition de l’esclavage…

Rapidement, une évidence se fait jour : la bourgeoisie industrielle et les classes laborieuses n’ont pas les mêmes intérêts. La République tant souhaitée n’avait pas le même visage pour tous ni nécessairement le même drapeau : les ouvriers parisiens le veulent rouge, là où Lamartine le réaffirme tricolore.

Les élections au suffrage universel masculin, qui n’ont pas été ajournées malgré les demandes des socialistes qui souhaitent avoir le temps de mener campagne – surtout parmi les couches sociales nouvellement admises aux élections – donnent une large victoire aux modérés, suivi des royalistes ; laissant peu de sièges aux socialistes et radicaux. Ce résultat précipite la rupture au sein de ceux qui ont renversé la monarchie. Le refus de créer un ministère du Travail, mesure centrale réclamée par les socialistes, enterre l’idée d’un « droit au travail » garantissant à tous et toutes de vivre décemment de son labeur.

Dans ce contexte, la tension monte en province comme à Paris et atteint son paroxysme le 15 mai 1848. À l’occasion d’une manifestation de soutien à la Pologne insurgée, des milliers de manifestants font irruption dans l’Assemblée constituante. S’ensuivent les arrestations de députés ralliés au mouvement ou les plus à gauche de l’assemblée, mais aussi de républicains connus pour leurs opinions radicales.

Quand le 24 mai, la fermeture de des ateliers nationaux est évoquée, et que le gouvernement réfléchit à occuper les chômeurs de moins de 25 ans en les enrôlant dans l’armée, la colère gronde. Face à la mobilisation des déshérités, une loi est votée afin d’interdire les attroupements et l’armée se tient prête.

Au cours de la nuit du 21, une délégation ouvrière demande à être entendue, en vain ; trompés et déçus, ceux qui espéraient une république démocratique et sociale se heurtent à l’ordre républicain et érigent des barricades. Le 23 juin, l’affrontement entre les insurgés et l’armée s’ouvre sur la barricade de la porte Saint-Denis puis s’étend à tout Paris. En trois jours, on dénombre environ 4 000 victimes du côté des insurgés et près de 15 000 arrestations. La répression signa, s’il en était encore besoin, la fin de l’union des classes autour d’un même projet politique.

Entre février et juin, quatre mois seulement se sont écoulés. Et pourtant, un monde sépare ces deux insurrections. En février, les lignes de fracture, les codes, les revendications sont pour l’essentiel dans la lignée de la Révolution française : République contre Monarchie, libéralisme politique et économique, libertés individuelles. Les revendications sociales portées par les courants utopiste, socialiste et communiste, déjà présentes en février, font irruption avec violence en juin. Cette fois, la ligne de fracture qui apparaît sera celle qui dominera le paysage politique français pour longtemps : c’est l’irruption de la lutte des classes.

En juin 1848, le général Cavaignac, ministre de la guerre au début de la Constituante, artisan de sanglantes répressions en Algérie, remplace la commission exécutive et est ainsi nommé chef du pouvoir exécutif ; la dissolution des ateliers nationaux est prononcée le 3 juillet, l’activité des clubs est restreinte et certains journaux démocratiques et socialistes sont interdits. Des centaines d’hommes et de femmes sont emprisonnés dont Blanqui, Barbès et Raspail ; d’autres choisissent l’exil comme Louis Blanc, ancien membre du gouvernent provisoire.

Cependant cet espoir, celui d’une république universelle, démocratique et sociale, ne disparaît pas. Il fait désormais partie de l’identité profonde du mouvement ouvrier français.

Exposition réalisée en partenariat avec la Goethe-Universität Frankfurt am Main et le musée Carnavalet

Commissariat  : Véronique Fau-Vincenti, responsable des collections du musée de l’Histoire vivante ; Raimund Rütten, professeur émérite à la Goethe-Universität Frankfurt am Main ; Clélia Tambini, étudiante en Master 2 gestion du patrimoine culturel à l’Université Paris I

Conseil scientifique : Raimund Rütten, professeur émérite à la Goethe-Universität Frankfurt am Main ; Michèle Riot-Sarcey, professeur émérite à l’Université Paris VIII.

Remerciements à Maurizio Gribaudi, Samuel Hayat et Rolf Reichardt.

Prêteurs : Bibliothèque Historique de la ville de Paris, Bibliothèque de l’Université Goethe à Franckfurt-sur-le Main, Bibliothèque de l’Assemblée Nationale, Musée Carnavalet – Paris, Musée de l’Armée, Michel Dixmier, Raimund Rütten, Franck Sénateur


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