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11 décembre 2004 > 2 décembre 2005
Napoleone Buonaparte
Le 15 août 1769, à Ajaccio, en Corse, naît Napoleone Buonaparte. Rien ne prédestine ce jeune Corse à devenir une personnalité marquante de l’histoire nationale et européenne. Ce sont les circonstances historiques et des qualités intellectuelles certaines qui vont offrir au futur Empereur la possibilité d’influer fortement sur le cours de l’histoire. Nul autre personnage de son époque n’a compris l’importance de la propagande pour accéder au pouvoir, et surtout le conserver. La presse et les arts graphiques vont être convoqués pour dessiner les portraits successifs du général victorieux loyal envers la République, du consul à vie, puis de l’Empereur, et conter un mélange de conquêtes, d’épopées et de légendes.
L’Empereur
Nommé consul après le coup d’État du 9 novembre 1799 (18 Brumaire), Bonaparte poursuit son ascension fulgurante. Son image change et les peintres Gros et David immortalisent la geste du « Héros italique ». C’est la victoire à Marengo contre l’Autriche le 14 juin 1800 qui définitivement confère à Bonaparte la stature de « sauveur de la France », de « héros ». Bonaparte devient Napoléon en mai 1802 alors qu’il accède au titre de consul à vie, et le 2 décembre 1804 il est sacré Empereur des Français. Les oppositions royaliste et jacobine se sont avérées impuissantes à enrayer sa marche vers le pouvoir suprême.
Les batailles
Napoléon, après avoir défendu les frontières de la République française, entend dessiner celles d’un empire à l’échelle de l’Europe. Les nombreuses gravures des batailles napoléoniennes nourrissent la légende de l’invincibilité, occultent les défaites et surtout le coût de plus en plus élevé en pertes humaines. Aux sept coalitions successivement érigées contre lui Napoléon oppose des armées toujours plus importantes grâce à la conscription. L’Aigle s’est fait Ogre. L’enlisement en Espagne dès 1809 préfigure la bérézina, de la campagne de Russie de 1812 jusqu’à la défaite finale à Waterloo le 18 juin 1815. Éditées sous l’Empire, ces gravures populaires perdurent sous la Restauration bien qu’en soient ôtées, à dessein, toutes les mentions relatives à la période napoléonienne.
Les caricatures anglaises
La caricature politique qui éclot en Angleterre au xviiie siècle s’étend autant à la politique intérieure qu’à la politique internationale. Les caricaturistes anglais trouvent, dès 1789, un sujet de prédilection avec la révolution qui commence outre-Manche. À partir de l’expédition française en Égypte, la figure de Bonaparte en jeune général ambitieux est croquée par les caricaturistes sous la forme d’un nain cynique. Bonaparte devenant consul puis Empereur, ses représentations se font de plus en plus féroces à mesure que grandissent les inquiétudes anglaises. C’est sous la plume de James Gillray que Napoléon devient célèbre en général « Boney » (osseux) ou est représenté en ogre ou en araignée prêts à dévorer l’Europe entière.
Les caricatures européennes
Alors que les caricaturistes anglais ont illustré et forgé une contre-légende napoléonienne, ailleurs, dans l’Europe occupée, l’expression critique par la caricature est censurée. Il fallut donc attendre les premiers revers de la Grande Armée et les années 1814-1815 pour que des caricatures anti-napoléoniennes circulent dans l’Empire. Les dessinateurs hollandais et prussiens, libérés du joug napoléonien, représentent souvent une Europe où l’Empereur conquérant est balayé et chassé par les nations coalisées… En France, où les dessinateurs préfèrent néanmoins rester anonymes, les caricatures, souvent encouragées par l’opposition royaliste, exhibent un homme esseulé, ridicule et ridiculisé.
Les Cent Jours
Le 31 mars 1814, les troupes de la sixième coalition entrent dans Paris. La chute de l’empereur est inéluctable ; Napoléon abdique le 4 avril 1814. Mais l’ancien maître de l’Europe peut encore, grâce au traité de Fontainebleau, régner sur l’île d’Elbe, où il est exilé. Certain de sa légitimité et de sa popularité, Napoléon rentre à Paris le 20 mars 1815. Cet épisode ne durera que cent jours, jusqu’à l’écrasante défaite de Waterloo. Napoléon connaît à nouveau l’exil, à Sainte-Hélène, jusqu’à sa mort le 5 mai 1821. Puis la légende forgée de son vivant, le souvenir et le culte de l’Empereur vont être entretenus pendant tout le XIXe siècle.
Le XIXe siècle
Légende noire et dorée vont s’affronter durant tout le siècle, conférant à Napoléon tantôt les traits du héros romantique, du personnage mythologique, de l’héritier de la Révolution, du sauveur de la nation, tantôt ceux de l’usurpateur et du despote. Gravures, dessins, peintures et objets concourent à l’immortalisation de l’Empereur. Napoléon s’est assuré lui-même de perpétuer sa mémoire sous la forme d’une « confession » dans le Mémorial de Sainte-Hélène publié en 1823. En 1840, la monarchie de Juillet parachève la construction de l’Arc de triomphe et organise le retour des cendres de Napoléon à Paris. Son cercueil est placé sous le dôme de l’hôtel des Invalides ; le mythe napoléonien culmine. Le second Empire ne manquera pas d’entretenir la légende et le souvenir. En 1921, la République organise à son tour en grande pompe le centenaire de sa mort.
La permanence de Napoléon
La figure de Napoléon entre dans les manuels scolaires dès 1806 et son épopée sera dès lors toujours enseignée. Les images d’Épinal du XIXe siècle comme les planches didactiques des années 1960 accrochées dans les salles de classe le présentent en Empereur sauvant les acquis de la Révolution française et en chef d’État moderne. La littérature enfantine, y compris contemporaine, honore et célèbre l’homme, son génie militaire et sa grande armée conquérante. Aujourd’hui, en cette année du bicentenaire du sacre, l’effigie de Napoléon se décline sous les formes les plus diverses.
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