Dans le cadre des commémorations du Centenaire de la Première Guerre mondiale, le musée de l’Histoire vivante a choisi de présenter quelques lithographies de Steinlen, des dessins d’Otto Dix et des peintures de Philippe Guerry. L’exposition « L’impossible oubli, 1914-1918 » offre aux visiteurs plusieurs regards sur ce conflit meurtrier qui ouvre le XXe siècle.
Steinlen
D’abord, le regard de ce peintre et dessinateur que fut Théophile Alexandre Steinlen. Né à Lausanne en 1859, naturalisé français en 1901, Steinlen appartient à cette génération d’artistes montmartrois, anarchistes et dreyfusards dont certains d’entre eux basculent dans l’Union sacré sans jamais sombrer, comme beaucoup, dans la surenchère belliciste ou l’hystérie anti-germaniste. De leur départ en gare du Nord ou de l’Est, jusqu’à leurs tranchées, Steinlen accompagne les poilus, au plus près de leurs blessures, de leurs souffrances, de leur mort. Le trait, tout en retenue, accentue, par contraste, l’enfer des combats et la destruction d’un paysage ravagé par la guerre. Steinlen ne dénonce pas la guerre, il la dessine dans sa réalité crue.
Dix
L’artiste allemand, Otto Dix (1891-1969), lui, est un engagé volontaire, décoré de la croix de fer à l’issue des combats auxquels il participe pendant les quatre années de la guerre. Entre 1923 et 1924, à contre-courant d’une opinion publique qui manifeste son profond désir de « sortir de la guerre », l’artiste décide de s’y replonger « pour s’en débarrasser » et grave une série de 50 eaux fortes éditées en coffret. La série « Der Krieg » (la guerre), tirée à 70 exemplaires, est à l’époque un échec commercial. Elle est aujourd’hui considérée comme un témoignage majeur sur la guerre, à l’instar de Los desastres de la guerre de Goya.
Guerry
Les peintures de Philippe Guerry surprennent par leur habileté à témoigner d’une guerre, bien qu’il ne l’ait pas vécu. Ce sont les défilés scolaires aux monuments aux morts, auxquels il participe à Bourg-en-Bresse dans sa jeunesse, qui lui apprennent « que les guerres jamais ne s’éteignent ». Cet apprentissage à la mémoire, construit par la découverte de l’œuvre de Dix, puis d’une littérature de guerre et du cinéma, nourrit depuis plus de vingt ans une constante « obsession » à vouloir peindre la Première Guerre mondiale.