L'Histoire du Musée

Le 26 mars 1939, le musée de l’Histoire vivante ouvrait ses portes au public pour la première fois. Trois personnalités communistes sont à l’origine de sa fondation : Jacques Duclos, député de la circonscription, Fernand Soupé et Daniel Renoult respectivement maire et conseiller général de Montreuil.

Un an auparavant ils créent la société pour l’histoire vivante. Musée de l’histoire du mouvement populaire et des révolutions, l’exposition présentée s’inscrivait dans la célébration du 150ème anniversaire de la Révolution française.

Création politique et culturelle du PCF, le musée se donne pour mission de diffuser auprès des couches populaires une histoire en mouvement, une histoire des luttes sociales qu’il inscrit dans le registre d’une histoire nationale et républicaine.

La direction du musée est confiée à Jean Bruhat. L’esprit Front populaire domine cette initiative. Le 31 mai 1939, Edouard Herriot, président de la Chambre des députés, visite le musée en compagnie de personnalités du Parti radical, accueillis par Jacques Duclos et Jean Bruhat. Puis c’est la guerre, les collections sont cachées dans une ferme de Seine-et-Marne. Elles seront exhumées à la Libération.

Aux lendemains de la Seconde guerre mondiale, le musée prend momentanément le titre de « Musée de l’Histoire de France ». Une salle consacrée à la Résistance et à la Libération est inaugurée officiellement le 22 octobre 1949, trois ans après la réouverture officielle au public le 22 juin 1946. La direction du musée est confiée à Anne Leroux, tandis que Jean Bruhat officie comme conservateur. L’approche de l’histoire populaire liée étroitement à l’histoire du PC domine la trame muséographique. Dès lors, délégations de l’Union des femmes françaises, des jeunesses communistes, ou des délégués communistes au congrès du PC croisent les délégations étrangères en provenance des pays du bloc soviétique. Des visites guidées sont organisées et des membres du Conseil d’administration, agrégés d’histoire, président des conférences populaires tantôt sur la République de 1848, tantôt sur la Commune de Paris de 1871.

Dans les années 50, Daniel Tamanini, ancien résistant et déporté remplace Anna Leroux. Le musée ouvre ses portes aux chercheurs : Marcelle Auclair dans le cadre de la rédaction de sa biographie sur Jean Jaurès, Jean Maitron au cours des recherches qu’il entreprend pour son histoire du mouvement anarchiste en France.

D’autres musées sollicitent des prêts de documents pour leurs expositions et des maisons d’éditions s’adressent au musée pour illustrer leurs ouvrages. Mais cette « intense activité » masque une autre réalité : le musée subit une baisse importante et régulière de la fréquentation. Les années 60 et 70 sont un cap difficile qui conduit à la semi-fermeture du musée. En 1975, Jacques Duclos décède. Marcel Dufriche, maire de la ville, lui succède à la présidence de l’association. Jean-Luc Barré, administrateur, va s’attacher à mettre en valeur les fonds du musée, sensibiliser les premiers responsables de l’association et de la municipalité à engager un travail important de restauration et surtout il les convainc des nécessités d’une informatisation de l’inventaire.

La décision d’une rénovation complète du musée est décidée par les instances du musée et de la municipalité. Des travaux d’aménagement des salles, la création d’une réserve et la mise en place d’une nouvelle présentation de l’exposition permanente sont entrepris.

Le 24 septembre 1988, c’est un nouveau musée qui ouvre ses portes au travers d’une exposition consacrée à Jean Jaurès et la Révolution française afin de célébrer à l’avance le bicentenaire de la Révolution française.

Le musée acquiert le statut de musée contrôlé par la Direction des musées de France. L’équipe du musée est étoffée : plusieurs documentalistes et archivistes, un photographe. Un atelier de restauration, un espace audiovisuel, et une cafétéria sont censés voir le jour. Cette époque faste ne durera guère que deux ans. Le musée retombe dans une semi-léthargie.

En 1992, nouveau sursaut. Une programmation prévue jusqu’en 1998 est adoptée par le conseil d’administration et atteste d’une volonté ferme de maintenir l’activité du musée. Le succès rencontré en 1993 par l’exposition sur le jouet de Paris (JEP) sollicitant de vastes collections privées concrétise les efforts entrepris. Deux ans plus tard une grande rétrospective sur le cinéma russe à Paris (Albatros), réalisée avec le concours du Musée Langlois, de la Bifi et du département costume de l’Opéra de Paris (Garnier) permet au musée de renouer avec le succès, relatif toutefois. Néanmoins le musée est sur la bonne voie. Le creux des années 1995-1996 ne remettra pas en cause la tendance générale.

Le musée produit par ailleurs, en collaboration avec l’association Passerelles, deux documentaires vidéo. L’un sur la libération de Montreuil en août 1944, l’autre sur le retour des déportés français du camp de Buchenwald (1995).

En mai 2015, l’association pour l’Histoire vivante, lors d’une Assemblée générale extraordinaire, a modifié ses statuts pour se donner deux objectifs majeurs : la poursuite et l’amplification de l’activité muséale ; et la construction d’un projet ambitieux de musée d’histoire sociale et ouvrière à dimension nationale.

Ainsi, tant d’années après sa fondation, le musée poursuit sa démarche de livrer au public une histoire engagée mais indépendante d’objectifs politiques qu’auparavant on lui fixait, une histoire sociale, une histoire de l’image, une histoire des petites-gens, une histoire du passé et du présent, une histoire vivante…

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