Une casquette, un bleu de travail, une cigarette au bec pour l’un… l’autre coiffé d’un chapeau haut-de forme, vêtu d’un costume et qui fume le cigare : sans les désigner nommément tous reconnaîtront le signalement respectif d’un ouvrier et d’un patron.

Les figures du patron et de l’ouvrier vont ainsi s’imposer d’elles-mêmes et nourrir tant le discours politique et militant que les représentations artistiques et ce jusqu’à dominer totalement l’imaginaire.

Divers supports

Quelques que soient les époques et les supports - des dessins aux photographies en passant par les gravures, les affiches, les magazines illustrés ou la peinture - les représentations de l’ouvrier et du patron montrent une permanence qui évoque le labeur des uns et les attentes des autres qui opposent travail et oisiveté, pauvreté et richesse, asservissement et pouvoir.

Permanence de ces représentations qui, aux champs comme à l’usine, au XIXe comme au XXe siècle, reflètent une réalité dénoncée en dualité et qui se construit en opposition. Deux figures dont les antagonismes d’intérêts vont être largement relayées dans différents média pour atteindre leur zénith aux moments des conflits sociaux. À l’aube du XXIe siècle, en dépit de permanences, émergent de nouvelles représentations : la figure mythique de l’ouvrier s’estompe au profit de celle de l’employé et du salarié, là où celle du patron ; tout en gardant le plus souvent ses rondeurs et son cigare ; s’apparente à celle du businessman, PDG de multinationales cotées au CAC 40.

Charb, Faujour, Tignous ou Willem...

À partir de ses collections de presse, d’affiches, de cartes postales, de photographies du Musée de l’Histoire vivante et avec le prêt d’autres institutions et la présentation de dessinateurs contemporains comme Charb, Faujour, Tignous ou Willem, le public a découvert l’évolution de la représentation de ces deux catégories sociales presque exclusivement dépeintes dans leur rapport d’opposition et d’affrontement.

Ouvrier, patron